Didier Rykner, idiot utile du patrimoine
C’est un ancien employé de la Poste, ingénieur agronome et diplômé de Science Po et de l’Ecole du Louvre, vraisemblablement journaliste autoproclamé. Didier Rykner a mis du temps à se faire une place dans un milieu où le diplôme et le poste sont pour beaucoup. C’est grâce à quelques coups d’éclats, donc, qu’il a pu entre-ouvrir la porte convoitée de cet univers inaccessible et feutré. Quelques révélations sur le Louvre, une posture exagérée de lanceur d’alerte sur l’incendie de Notre-Dame et surtout une méthode bien à lui qui est pour quelque chose dans son surnom de « loup blanc du patrimoine ».
À la manière d’Edwy Plenel, Didier Rykner cible sa proie – pas toujours justement – et ne la lâche qu’une fois les armes rendues. Une source proche nous confirmait ainsi que « quand Didier Rykner trouve un os à ronger, il ne le lâche plus » : ainsi, Jean-Luc Martinez est mentionné dans presque cent articles sur le site de La Tribune de l’Art, dont presque tous dénoncent l’action et la gestion du Musée du Louvre. Son successeur jouit pourtant d’une quiétude inattendue pour quelqu’un qui a participé, avec Jean-Luc Martinez, au développement du Louvre Abou Dhabi que Didier Rykner conspue.
De même, Jean d’Haussonville a subi un procès particulièrement excessif pour un projet dont l’absurdité était manifeste et le refus acté. Jamais, en revanche, Didier Rykner ne s’est donné la peine de reconnaître à Jean d’Haussonville d’avoir redressé la situation du Domaine national de Chambord, dont la fréquentation et le chiffre d’affaires baissaient de façon inquiétante : en à peine dix ans, le château a ainsi gagné 400 000 visiteurs ainsi qu’indépendance et équilibre financiers. Didier Rykner devrait plutôt tenir le Domaine national de Chambord en exemple en matière de gestion et de sauvegarde du patrimoine.
Il n’en est rien. Car l’obstination et le conservatisme de Didier Rykner ne sont pas qu’idéologiques, contrairement à ce que nous affirmions dans notre précédent article. Y jouent aussi une quête de crédibilité et un orgueil qui justifient presque intégralement les publications de la Tribune de l’Art : d’une part, des publications bien renseignées et pertinentes sur l’histoire de l’art et les actualités des musées ; d’autre part, d’interminables diatribes accusant la Terre entière – y compris, parfois, ABF et DRAC – de détruire le patrimoine et d’ouvrir l’art à des publics ignares.
On s’amusera ainsi de voir Didier Rykner se gargariser d’accéder enfin au milieu dont il rêvait tant, dans un entretien au web média royaliste Je suis Français : « je ne suis plus tenu à l’écart, affirme-t-il, même lorsque je combats les réserves du Louvre à Lens. On met un point d’honneur à m’inviter… » Cette fierté enfantine serait sympathique si elle n’était pas mensongère. Un ancien du Louvre nous racontait ainsi récemment la colère qu’avait eu Didier Rykner face à l’absence d’invitation au voyage de presse du Louvre Abou Dhabi : la raison ? Un voyage de presse est réservé au journaliste. Didier Rykner est le seul à se reconnaître ainsi. La chose est d’autant plus problématique que Didier Rykner affiche une sévérité catégorique à l’égard d’un musée qu’il n’a donc jamais visité.
Seulement, ce que Didier Rykner ne voit pas, c’est que sa quête de respectabilité et sa réputation de loup blanc ont fini par en faire « l’idiot utile des rancœurs du milieu », selon les mots de cet ancien du Louvre : et ce milieu l’utilise à l’envi pour régler ses querelles intestines, ses différents et ses rivalités. Là où Didier Rykner voit l’accomplissement d’un travail de longue haleine, ses interlocuteurs voient surtout un outil bien pratique qu’on alimente au besoin, qu’on brosse dans le sens du poil, et peut-être qu’on finance raisonnablement pour éviter de rentrer dans sa ligne de mire….Nous tenterons d’y voir plus clair sur ce point dans un prochain article.
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