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Didier Rykner : plus royaliste que le Roi

Nous l’avons dit, déjà, à de nombreuses reprises : Didier Rykner est un conservateur. Conservateur, non pas au sens traditionnel du terme dans le monde de l’art et du patrimoine : car le diplôme de conservateur, Didier Rykner ne l’a pas. Il l’est, plutôt, au sens idéologique du terme et avec ce qu’il recouvre d’obstination et de dogmatisme. Dans notre précédent article, consacré au polissoir de Féchain, nous montrions d’ailleurs en quoi ce conservatisme zélé pouvait parfois défier le bon sens et l’existence des hommes.


Pour avoir un aperçu plus complet de la doctrine ryknerienne, il nous a fallu retrouver un entretien que le journaliste et historien de l’art, vraisemblablement autoproclamé, a donné le 19 septembre 2015 à Je suis Français, le « quotidien royaliste sur la toile » – ainsi qu’il se présente. Il déclarait alors avoir créé La Tribune de l’Art pour donner à ce milieu un « média libre et indépendant », faisant « du journalisme sans langue de bois […] en considérant le patrimoine et en prenant le parti de le défendre ». Des bonnes intentions dont nous ne faisons pas le procès. Nous rappelons simplement à Didier Rykner que l’Enfer, lui aussi, est pavé de bonnes intentions.

Dans un récent article[1], Didier Rykner s’étonne par exemple du « nombre incroyablement faible de classements [au titre des Monuments historiques] » lors de l’année 2021, y voyant le signe « d’un malthusianisme terrible ». Comme il l’indique dans son article, l’inscription ou le classement au titre des Monuments historiques implique l’accord préalable de son propriétaire. Et de citer notamment le cas de la Gare du Nord, chef-d'œuvre de Jean-Ignace Hittorff, pour lequel la SNCF qui en est propriétaire – c’est-à-dire l’Etat –, refuse toute forme de protection qui contraindrait trop l’exploitation de la gare. Seulement, tous les propriétaires de monuments historiques ne sont pas l’Etat et on s’étonne, à notre tour, que Didier Rykner ne s’interroge pas sur les causes d’un nombre si faible d’inscriptions et de classements. Le polissoir de Féchain, tellement symptomatique du problème, nous donne un élément de réponse : si les propriétaires de monuments ne souhaitent pas les voir inscrits ou classés, c’est parce qu’ils craignent sans doute de ne plus pouvoir bouger le petit doigt sans avoir sur le dos une bureaucratie pesante et un petit caporal médiatique.

Le conservatisme de Didier Rykner ne s’arrête pourtant pas là : revenons-en à l’entretien qu’il donnait au bien nommé « quotidien royaliste sur la toile ». Longuement, le fondateur de La Tribune de l’Art s’y offusque de ce que des grands musées parisiens s’exportent parfois en province. Ainsi regrette-t-il que « les rétrospectives Le Nain et Charles Le Brun [aient eu] lieu non pas à Paris mais à Lens [NDLR : le Louvre-Lens], sans que l’on se [soit] demandé s’il y avait là-bas un public pour des rétrospectives nécessairement pointues… » A bien en croire Didier Rykner, on en conclura donc que l’art ne peut intéresser les Lensois, plus concernés par les mines et le foot que par la culture. Cela étant, nous sommes obligés d’admettre que l’exposition sur « les mythes fondateurs d’Hercule à Dark Vador » organisée aussi au Louvre-Lens et que déplore Didier Rykner ne peut que déprécier la valeur de l’art ancien. Mais là encore, Didier Rykner ne s’interroge pas sur la cause d’une telle exposition au Louvre-Lens : l’art et le patrimoine doivent aujourd’hui être attractif, au Louvre comme dans n'importe quel petit monument provincial. On peut regretter que Dark Vador soit plus bankable que Nicolas Poussin, mais l’on doit reconnaître que, si l’on veut inverser cette tendance, si l’on veut que l’art ancien soit « considéré pour ce qu’il est », que le patrimoine soit préservé non à cause des réglementations mais par la reconnaissance de sa valeur spécifique et de sa supériorité culturelle et esthétique, on ne peut alors regretter que le Louvre s’exporte à Lens. On ne peut souhaiter en effet que l’art reste cloisonné au sein du périphérique parisien simplement parce qu’il est « pointu ». Et si des moyens détournés permettent d’établir des ponts entre un nouveau public et l’art, alors Didier Rykner devrait s’en réjouir plutôt que de fulminer.


Ainsi, Didier Rykner s’inquiète qu’un nombre toujours décroissant de monuments soit inscrit ou classé sans voir que c’est précisément la règlementation trop contraignante qui dissuade les propriétaires de protéger leurs biens. Ainsi, Didier Rykner déplore l’inculture générale en matière artistique et la présence de la pop culture dans les grands musées mais proteste lorsque de grands artistes sont exposés à Lens. Dieu se rit donc de Didier Rykner.

[1] https://www.latribunedelart.com/la-sous-protection-du-patrimoine-francais-l-exemple-d-hittorff

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